mardi 8 octobre 2013

Travailler dans le B.o.P




Sur le marché de Meckhe.



Après une nuit mouvementé dans l’arrière boutique de la franchise où de nombreux insectes et animaux en tout genre sont venus se joindre à nous, nous nous réveillons avec une quasi-gueule de bois. Verre d’eau, et re-motivation on est prêt à débuter la formation technico-commerciales que nous avions préparé la veille.  Initialement prévue à 8h du matin, nos collaborateurs arrivent à 11h en toute quiétude et sans excuse. Ponctualité et politesse sont des vertus inexistentes. Est-ce un mal ou simplement un choc culturel par rapport à la France ? A vous de juger. En tous cas il est difficile et usant de ne pas pouvoir programmer ses journées et devoir sans cesse faire face aux imprévus.




La télévision locale est là pour filmer la formation que nous dispensons aux franchisés et commerciaux. Payer à 50% par SESn et à 50% pour le franchisé nos intérêts sont différents quant à cette vidéo. Pour nous (SESn), l’idée est de réaliser un montage vidéo qui sera diffuser dans l’ensemble des franchises. Pour le franchisé, cette vidéo est l’occasion de montrer son investissement dans la formation des jeunes et ses objectifs de développement économique local. Pour ne pas vous mentir, notre franchisé va se présenter aux prochaines élections municipales, ses ambitions sont donc politique. 




La formation technico-commerciale que nous avons dispensé à été fort utile puisque nous avons fait monter en compétences les commerciaux : en développant leur argumentaire commercial  et leur capacité à réaliser des dimensionnements énergétiques. Notre système à points est une réussite. Grâce à cette innovation « vulgarisation technique » un enfant de CP est capable de diagnostiquer les besoins en énergie d’une maison et recommander quel kit solaire y correspond. Pari gagné, il ne reste plus qu’à l’appliquer sur le terrain et concrétiser des ventes.





Réaliser des ventes et résoudre un problème social : l’accès à l’énergie. Telle est notre démarche social business. La difficulté majeure est que notre cible client sont les populations isolées, à la base de la pyramide : B.O.P (Bottom of the Pyramid : expression économique pour désigner les populations vivant avec moins de 2$/jour).




Réaliser du commerce BtoC avec : une clientèle B.O.P et des produits chers et techniquement complexe est une tâche complexe à laquelle nous devons trouver une solution. La clientèle B.O.P n’est pas sensible aux argumentaires commerciaux. Les raisons majeures sont la barrière linguitisque (Français/Wolof), le manque de ressources financières (pas de cash pour acheter les produits comptant), la routine (jusqu’à présent les familles vivent sans accès à la lumière ou la TV, inchallah ça continuera). Vendre à une clientèle B.O.P implique de résoudre un problème de vie quotidienne et ceci devant les yeux des prospects.  A titre d’exemple, nous pourrions aller sur un marché de Peules à la tombée de la nuit afin d’exposer aux marchands que le commerce peut continuer même dans l’obscurité grâce à nos produits. Rythmée par les imprévus et le Inchallah’ la vie des locaux est tourmentée et ils n’ont que peut de mémoire pour se souvenir des arguments commerciaux oraux entendu sur un marché. Ainsi plutôt que de rester sur un marché au profil client B.O.P durant une journée entière, nous pourrions réaliser des actions « coup de poings » où nous résoudrions un problème social.




Travailler dans une startup dans un pays en développement sur une problématique B.O.P est comme vous le voyez très enrichissant humainement et professionnellement.



Une personnalité nîmoise du monde tennistique aurait dit que « Travailler au Sénégal, c’est l’imagination en érection perpétuelle »










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